La vie n'est pas simple... Ceux qui sortent une telle connerie sont certainement des dépressifs qui s'ignorent, des personnes qui ne se souviennent sûrement pas d'avoir survécu à l'enfer sept ans plus tôt et ce pendant cinq années. Comme beaucoup, j'ai passé ce cap, pas sans crainte, pas sans perte douloureuse, pas sans crever de peur parfois mais davantage pour les personnes autour de moi. Une grosse partie de mon cœur s'est vue arrachée durant ce laps de temps horrifique, le décès de mes parents, et l'état de santé de ma sœur qui suite au manque de soins médicaux, l'absence de traitement, du clore ses grands yeux clairs sur une couche du dispensaire. Malgré son état, que les médecins annonçaient critique et irrémédiable au point de me pousser à la débrancher, je n'avais droit de baisser les bras, pour deux autres êtres chers à mes côtés, deux personnes que j'avais tiré rapidement de la ville à feu et à sang alors que j'aurais pu en extirper une seule, ou peut-être même ne penser qu'à ma propre existence comme quelques poignées d'hommes et femmes l'auraient sans doute fait pour mourir de peur à l'instant où les morts se sont redressés. Sarah, mon ex femme -fraîchement divorcée- et ma fille Laneya -alors âgée de quatre ans-, pour devenir leur pilier et les protéger comme devait le faire un père de famille, un homme de mes racines. Pour ceux qui me comprendront, la famille est un tout, la plus belle valeur que puisse compter un être humain dans son cœur, la chose la plus inestimable aux yeux de ma communauté, une chose qui ne doit jamais être bafouée pour quelques causes que se soient, ce qui m'a permis de ne jamais oublier que Sarah, malgré nos différents nous ayant poussé à rompre, restait et resterait un membre à part entière de ma fratrie, en tant que mère de ma fille, mais aussi pour m'avoir épaulé et aimé durant neuf ans de passion, puis cinq ans de calvaire sanglant.

Désormais, et ce depuis deux ans, la vie a repris de ses couleurs, de sa splendeur, certes le monde n'est pas encore dépourvu de menace virale, mais les autorités et la nouvelle politique en place nous en épargnent les méfaits. J'ai donc attendu de savoir Sarah stable dans son existence, qu'elle puisse partager la garde de Laneya pour ensuite reprendre la liberté que j'aurai du toucher des doigts avant le massacre de 2012, et comme un miracle, Addison a rouvert les yeux il y a de ça un an pour ma plus grande joie. Je n'ai pour l'instant rencontré personne de mon clan d'enfance, de cette communauté m'ayant bercé et élevé aux prémices de ma vie, pourtant j'espère encore revoir quelques visages familiers un jour et reprendre nos liens là où nous fûmes forcés de les abandonner, en attendant je profite, je vie, je tâche de faire front quant à la plus atroce des pertes ayant fait saigner mon cœur. La photographie m'a donc semblé un bon premier moyen pour m'évader, je suis rapidement devenu reconnu dans ce domaine, jusqu'à saisir une opportunité tendue par une toute autre façon de jouir de la vie : une paire de jambes interminables et fuselées qui, malgré leur charme attrayant, ne furent qu'une passade de quelques semaines, précédents mille et une autres rencontres, mille et une autres évasions, pour enfin me filer une réputation que je ne nie pas... Soyons un peu franc bon dieu !

Après tout, en amour comme à la guerre, tous les coups sont permis, il suffit simplement d'avoir le tact nécessaire... ; )