Au pays du soleil levant, le tatouage était de mauvais gout, représentant la force, le courage, mais surtout la criminalité, ou encore la honte. Et pourtant, j'étais allongé sur cette table, où j'entendais uniquement le bruit du marteau frappant le poinçon trempé dans l'encre, pour finaliser mon irezumi (tatouage fait de manière ancestrale), la douleur était présente, mais à aucun moment je ne serrais les dents, m'étant accommodé à cette souffrance. Bientôt, le dernier symbole serait gravé à même mon cou, visible aux regards de tous, démontrant à quelle famille j'appartenais y étant le premier lieutenant, celle dans laquelle j'avais vu le jour et grandis, et dont mon père était le Chef, celle de la plus grande bande organisée du monde, qui pourtant, ne se cachait nullement.

Terminant de boutonner ma chemise, tout en arpentant les couloirs de la demeure, un sourire avait filé mes lèvres, en contemplant le nom s'affichant sur mon téléphone. Masa mon grand frère, le plus grand de la fratrie, composé de trois garçons dont j'étais le plus jeune, avait quitté le pays pour le regard d'une femme au Pérou, puis rejoint New York pour le travail, en emmenant avec lui, son unique petite fille Maeva Nella.

- Quel plaisir de t'entendre mon frère !

- Han, écoute moi j'ai peu de temps... Sourcillant, mon attention lui fut offerte, imaginant déjà de quelconque problème, prêt à lui intimer de rejoindre les Yakuza de NY pour se faire aider en attendant mon arrivée, je me ravisa à l'unique entente des pleurs d'Estrella à ses côtés, d'étranges bruits me revenant à m'en glacer le sang. Nous... Sa voix était éprise d'angoisse, de sanglots, m'obligeant à me stopper à l'entrée du salon, les yeux rivés sur le sol de marbre. Promet moi Han, promet moi de prendre soin de ma fille. Ses mots résonnaient comme un adieu à m'en serrer le coeur.

- Masa qu'est ce qui se passe ? Quand il me quémanda à nouveau ma parole en un supplice que je n'avais jamais entendu chez lui, c'est à cet instant que mon regard avait croisé l'écran de télévision, pour y dénoter la première tour touchée, dont une colonne de fumée s'échappait. Je te le promet mon frère...

Je suis resté durant la minute qui suivit à les rassurer, jusqu'à voir l'impensable, en direct, autant par cet écran, que par ce téléphone, l'effondrement du bâtiment qui emportait avec lui, mon frère et sa compagne. Aussitôt, j'ai pris mes affaires, le premier avion avant que les aéroports ne soient bouclés, pour rejoindre cette petite fille aux fossettes de famille pour la cueillir au sein d'un foyer, et la prendre sous mon aile, jusqu'à mon dernier soupir sur terre. J'aurai pu la ramener au Japon avec moi, pour qu'elle soit aux côtés de sa famille, mais, elle venait déjà de perdre deux de ses repères, alors j'ai décidé de m'installer dans cette ville, de dissimuler mon appartenance à ma famille, afin de la protéger et lui offrir une existence des plus normales. J'ai ouvert un garage, j'ai rencontré des gens, aujourd'hui certains sont morts, d'autres encore présent, sans s'imaginer un instant ce que mes vêtements dissimules, à l'instar de cette petite grenade qui grandit, s'accrochant encore au cordon duquel je l'ai entouré pour la préserver.

Je m'appelle Han Sâto Kyuden Goteï et je suis un Yakuza.