-Monsieur Palmer ? -Ce timbre de voix chevrotant m'avait invité à tourner le regard une seconde, le sourcil arqué loin de ses prunelles reprenait lentement sa place initiale. - Je, ... je suis votre nouvelle assistante étant donné le départ soudain de...

-Le décès de Miss Applegate, - Avais-je rectifié sans une émotion sur les traits, sinon cette étrange bienveillance dans le regard, celle-ci n'ayant qu'un but, garder mon image et ma notoriété intacte auprès des gens que j'encadrais ici. - soyez franche, la mort fait partie du monde désormais, bien plus qu'elle n'y avait sa place autrefois, alors... - en un geste de paume galant, je l'invitais à prendre place sur le fauteuil face au bureau où j'ancrais les reins, paumes cerclées au rebord de l'ébène, afin de mieux la dénoter. - Vous disiez mademoiselle ?

-Osborn, Diana Osborn... - Un sourire rassurant marqua mes lèvres.

-Ravissant, je vous écoute, vos motivations, qualités et défauts, - Les yeux fixes dans les siens, je la sentais déstabilisée sans même perdre en intensité face à elle. - J'y tiens, j'aime savoir à qui j'ai affaire, à qui je peux faire confiance, si ce n'est pas le cas, je préfère vous épargner l'usage trop intense de salive et vous demandez de prendre directement la porte.

Cette petite blonde n'avait rien d'extraordinaire aux regards des autres, cependant au mien, elle fut plus qu'une silhouette spectrale à qui personne ne prenait garde en croisant son chemin. Elle avait cette hésitation dans la voix puis les gestes, constamment sur le qui vive à savoir si, suite à une erreur de sa part, je serai capable de la rabrouer plus bas que terre en quelques remarques désobligeantes. Au fil du temps elle partagea bien plus qu'un hall de bureau, pu connaître les tréfonds de mon âme et mes sombres secrets, elle n'avait qu'une chose à faire pour ne jamais goûter une sentence qui avait amené sa prédécesseur à ne plus remettre un pied dans ces locaux aseptisés... Malheureusement l'accord fut caduc à l'instant même où elle le bafoua sans même qu'un mot ne quittât ses lèvres. Certes il ne s'agissait que d'une conversation autour d'un café qu'elle partageait en compagnie d'une amie à la pause, mais son regard contre mon blaser, et surtout celui de son interlocutrice furent la fin de tout pour cette jeune fille pourtant fort docile... Les jours passèrent donc, jusqu'à ce qu'une autre vint prendre la place vacante mais, cette fois, il n'y eut pas ce lien.

Je deviens peut-être difficile avec l'âge qui me gagne doucement mais mes projets professionnels sont censés me prendre pas mal de temps dans les mois à venir, notamment cette demande particulière de la part de Philip, une certaine fusion entre le département que je chapeaute avec celui contrôlé par une femme au nom mélodieux comme celui d'une famille très influente en son temps... Je ne sais ni qui elle est, ni à quoi elle ressemble, mais son dossier solide à maintes fois attiré mes yeux, qui qu'elle soit, j'imagine que nos relations professionnelles ne peuvent qu'être attrayantes, sans quoi, il faudra rapidement que je me penche de nouveau sur un passe temps capable de captiver mon attention.