La nuit avait été dure, la veille, une petite soirée avait été donnée en l'honneur de l'anniversaire de Sam et le lever ne fut pas des plus évidents pour le champion des Yankees. Les douze ans de sa fille resteraient gravés dans sa mémoire comme tout les printemps célébrés depuis sa naissance et bien que la gamine avait rejoint sa chambre tôt -à contrario de son père-, Drake, lui avait terminé la soirée avec son manager à fumer quelques cigares accompagnés de bonnes bières, en somme se coucher fut tout aussi difficile que de se tirer du lit avec la tête dans le cul comme on le disait généralement. Malgré la légère migraine, Parker passa sous la douche en esquissant un sourire, la puce était logée devant la télé, quelques friandises en bouche -sans doute- pour attendre celui qu'elle ne nommait jamais papa par simple habitude.

Samantha n'avait pas été désirée par sa mère mais uniquement par lui, le jour où cette conquête sans lendemain lui avait annoncé être enceinte et désirer procéder à une IVG, à ce moment là, Mason n'avait pas pensé à sa carrière, à ce que la présence d'un enfant provoquerait pour lui et pour ses fans, tout ce qu'il avait vu était ce ventre arrondi où se dissimulait une part de lui, de son sang particulier qu'il ne fallait négliger pour rien au monde. Sa fille était déjà vivante pour lui, pas un simple embryon qu'on pouvait déloger en une opération de routine, mais vivante et avec des droits dont le premier était celui de vivre et ne pas payer pour les actes de deux êtres inconscients sous l'afflux de plaisir... Neuf mois plus tard, après quelques versements exorbitants payés à la "mère porteuse", afin qu'elle accepte de mener la grossesse à terme, Mason tenait enfin la petite Samantha dans ses bras, sans y voir l'après ni que ce petit être pouvait nuire à sa carrière florissante, elle était simplement sa fille et avait droit au meilleur de lui même. Ce fut à cet instant qu'Elliot trouva la solution pour qu'il puisse encore et toujours subvenir au besoin de la "princesse" -comme il l'appelait- sans se voir descendre par les médias qui anéantiraient cette ascension prometteuse. Aux yeux de millions de personnes, Sam n'était pas sa fille et elle fut rapidement habituée à le nommer Drake durant les sorties puis dans le quotidien...

Fin prêt, il dévala les marches, passa derrière elle -assise sur l'un des tabourets de la cuisine ouverte qui donnait sur le LCD du salon- puis déposa un baiser sur ses cheveux bruns, lui subtilisant quelques cuillerées de céréales abandonnés dans son bol au profit des conneries que débitait une présentatrice qu'il n'appréciait que très peu pour s'être méchamment pris le chou avec des mois plus tôt.

-Manges, le replay ça existe, surtout pour c'genre de connerie Sam. Souffla-t-il en se servant un café.

-Drake ? t'as vu les gens comme ils sont fous ? j'ai jamais vu ça, on dirait... Redressant sa cuillère, elle l'abandonna de nouveau dans le lait et remonta un regard écœuré, effrayé même, dans celui de son père. des... cannibales...

Inquiété par l'attitude de sa fille, il redressa les yeux sur l'écran et y vit l'horreur, le sang, des citoyens en pleine folie gagnés par le désir de tuer pour se repaître de leurs semblables. Tout était filmé en direct, personne n'agissait hormis les forces de police dépassées par les événements étranges et ingérables tant ce mal, cette torpeur subite, semblait proliférer comme la peste à en faire se redresser ceux mis à mort par leur propre famille parfois. Drake fronça les sourcils et augmenta le volume pour entendre cette voix qu'il s'était pourtant juré passer en "mute" dès qu'elle retentissait dans quelques hauts parleurs que ce soit. "Barricadez vous, les morts se relèvent, l'armée vous intime de rester à vos domiciles afin de contrôler la situation. Bonne chance à vous !" Pas un rictus ne quitta ses lèvres, il déglutit plutôt pour enfin passer la main à la nuque fragile de sa propre chair afin d'attirer son attention.

-Montes préparer un sac, prends que le strict nécessaire Sam. Sans se faire prier, la gosse remonta les marches et s’exécuta, Mason en faisant de même de son côté pour ensuite ouvrir le coffre fort, dissimulé aux regards curieux, et en sortir un flingue et ses chargeurs qu'il colla dans le bagage puis le canon à sa ceinture de jeans. Sans paniquer, malgré les afflux vifs du sang dans ses veines, Mason décrocha rapidement son cellulaire quand il se mit à vibrer. Bordel de merde Will, qu'est-ce qui se passe ?

-Dans dix minutes je suis en bas de chez toi ! Sparks coupa la conversation et Drake vit descendre la gamine après quelques minutes, embarquant les sacs pour lui éviter le poids du sien, Mason dévala les marches des escaliers de service et vit freiner le bolide de son manager juste devant le sas. Toi derrière ! J'ai une réputation à tenir ! Je trimbale pas les cageots à l'avant !

Il roula des yeux une seconde, même en pleine guérilla ce type ne trahissait pas sa nature de bon vivant. Drake grimpa sur la banquette et y abandonna les sacs pour enfin laisser Sam monter à l'avant.

-Quand tu m'as dit un jour : "tu pourras toujours compté sur moi, toi comme elle", T'imaginais quand même pas qu'on se ferait une apocalypse en direct live ?! Souffla-t-il.

Autour d'eux, dans les avenues qu'ils s'empressaient de quitter pour un ailleurs de sûreté, les morts affluaient. Parker déposa une paume ferme, comblée de gratitude profonde, sur l'épaule de celui qu'il voyait bien plus comme un frère que comme un manager, désormais d'ailleurs, il n'était plus que frère... le monde se cassait la gueule au même titre que sa carrière exemplaire...