La fin du monde, l'apocalypse... Les mayas en avaient parlé, ils savaient bien avant nous, cependant ils ne pouvaient mettre en cause qui que ce soit pour ne pas avoir toutes les cartes dans leur jeu. J'avais mon idée sur la chose, bien qu'après des années loin de Raccoon-City, et suite à un petit séjour aux frais d'un ex capitaine chez la Tricell, j'espérai vainement que tout soit fini sans véritablement y croire, sachant au fond de moi que ce jour viendrait où, le monde serait dévoré non pas par les flots, ou encore brûlé sous une explosion solaire, mais sous la marche funeste des morts vivants... J'étais intimement convaincue qu'on avait beau lutter, encore et toujours, sauver de justesse les diverses populations où la progéniture d'Umbrella sévissait, la firme renaîtrait encore et toujours de ses cendres, plus forte et plus vengeresse qu'elle l'était suite à ses maintes chutes. Ce jour est venu, pas un 21 Décembre comme tous l'imaginaient, mais à la date même où l'amour envahie les cœur pour n'avoir que lui en ligne de mir et plus puissante était la frappe, dévastatrice, sans aucun espoir pour la race humaine du moins, pour les plus innocents et faibles individus d'une espèce désormais en voie d'extinction...

Je ne suis pas faible, je ne suis pas innocente et, pourtant, il semblerait que je me sois fourvoyée sur ma propre nature. Cela valait-il la peine de survivre à la mort, de réchapper de justesse à l'infection générée par l'implant dont m'avait affublé mon ex capitaine, alors que je me retrouve là, menottée sur une chaise dans un entrepôt délabré, aux mains d'hommes n'ayant pour but que de jouer pour ensuite me coller une balle dans le crâne ? Est-ce que toutes ces années de lutte et combat contre Umbrella et Tricell valaient la peine d'être vécues pour n'être plus qu'une poupée livrée aux bas instincts des rescapés d'un incident datant de plus de trois ans maintenant ? Je n'aurai sans doute jamais de réponse, mais si j'avais encore le choix sur la façon dont j'aimerai mourir, je préférerai encore que mon unique partenaire, en qui j'avais confiance, à qui remettait ma vie aveuglément, ne m'ait sauvé cette année là en Afrique... je me serai lentement fait ronger par le virus pour ensuite m'éteindre sans avoir à subir ce qui m'attend présentement. Je suis peut-être encore fière et forte, j'ai encore la hargne de cracher au visage du premier qui viendra chercher ce qu'il pense lui revenir de droit, car je ne suis qu'une femme, tout juste bonne à soulager les sombres ardeurs de ces porcs sans plus de considération pour leurs semblables, mais après les coups, la course folle livrée dans cet endroit avant d'être prise à la gorge pour finir menottée et sans plus d'autres défenses que des cris de rage vains et le venin de ma voix pour les faire reculer encore, mon corps est voué à périr sans plus pouvoir réagir encore sinon en serrant les dents lorsque le moment sera venu de sentir ses sales pattes se poser sur moi.

Je le regarde encore dans les yeux, avec fureur, capable de mordre si toutefois il approche trop son visage, peu importera la prise entre mes dents, mais au moindre geste immodéré pour sa part et il saignera même si je dois sentir la saveur ferreuse de son fluide recouvrir ma langue. Il approche, un sourire vile aux traits, les mains calées aux pressions de son jean qu'il déboutonne à chacun de ses pas, je ne quitte pas son regard mais si seulement j'avais de quoi m'achever, j'imagine que je tenterais de le tuer avant de me donner la mort. Si tel était mon destin, de servir de vulgaire corps pour les désirs peu scrupuleux des hommes, pour ensuite n'être plus qu'un cadavre livré aux charognes, alors je préfère encore imaginer ne pas avoir vécu du tout... Il approche, il n'est plus qu'à quelques centimètre de moi, je ne vois plus son regard, simplement les cheveux à la tempe qu'il baisse près de mon cou avec précaution pour que je ne puisse envisager le moindre geste, je vois cette goutte de sueur malsain rouler contre sa jugulaire battante d'une excitation tout aussi morbide. "Ça va te plaire petite garce, je te le garantis." Souffle-t-il, enfin mes paupières voilent mes yeux clairs jusqu'à entendre cette détonation, qu'elle m'assourdisse rapidement tout comme elle me renvoi quelques brides de liquide chaud et ferreux contre les traits, l'odeur de poudre me revient lentement au nez, mon cœur bat vivement et j'entend parfaitement un corps proche rejoindre le bitume pour m'inviter à rouvrir les yeux sur le monde et contempler la dépouille de ce type, la tête éclatée au sol, le reste de son corps baignant dans une mare de sang, d'os et de matière grise avant de redresser la nuque, cheveux ballants dans le vide derrière le dossier, pour laisser un rire nerveux mais rassuré quitter mes lèvres alors que j'entrevois simplement le canon du fusil qu'elle seule tient de cette manière. Que je saisie enfin qu'elle est la seule et unique à achever un enfoiré de cette façon, comme une signature qui, ici, m’apparaît comme la plus belle chose en ce monde...

-Je t'attendais plus... Souris-je en tournant lentement les yeux dans sa direction. Merci Charlie.