A mes filles, (Raccoon-City – Septembre 1998)

C'est lorsque l'on est sur le point de perdre la vie que l'on pense qu'elle valait la peine d'être vécue, que l'on aurait fait d'autres choix si l'on avait su la fin si proche, ainsi, profiter de chaque instants nous aurait paru plus important en sachant que la mort viendrait bien assez tôt...

Cependant nous restons tous faibles quand il s'agit de faire les bons choix, je ne survivrai peut-être pas, mais je prend le temps de vous écrire une dernière fois, à dire vrai, c'est la première fois que je vous ferai parvenir une lettre à ta sœur et toi, tu la lui liras, j'imagine qu'elle est encore trop petite pour bien comprendre les choses. Sache que je ne regrette rien Camille, rien de ce que j'ai pu faire, tu seras apte à comprendre un jour lorsque tu seras grande. Je n'ai aucun regret et pourtant, à l'heure actuelle, j'aurai apprécié revoir vos visages et si toutefois je suis épargnée cette nuit et les jours qui suivront, je reviendrai vous chercher.

En attendant, je sais que votre grand mère prend soin de vous deux, vous ne craignez rien là où vous êtes (j'espère que cela demeurera), restez y aussi longtemps que possible c'est le seul véritable bon conseil que je puisse vous donner en tant que mère. Si tu penses que je vous ai négligé au profit de ma carrière j'en suis désolée mais ce n'était pas le cas, je vous ai simplement épargné, protégé de moi même et de mes activités particulières que des enfants ne peuvent comprendre. Ai-je été faible pour autant ? Tu seras la seule à répondre à cette question mais quoi que tu penseras, sache que vous étiez les deux êtres les plus importants de ma vie, votre survie m'importait (et m'importera encore) toujours plus que celle de quiconque.

"Affectueusement votre mère."

Cette lettre avait plus de quinze ans et pourtant Camille Wright l'avait toujours gardé précieusement pour sa sœur et elle à défaut d'avoir pu revoir le visage si flou de leur mère. Les deux filles avaient rejoint les états unis peu après le décès de leur grand mère, cela faisait trois ans qu'elles prenaient doucement leur marque, Camille se battant (malgré son jeune âge) pour garder son unique proche auprès d'elle, à peine obtient-elle ce droit, en fêtant son 21ème anniversaire, que le monde changea du tout au tout. Des hordes de monstres envahirent les ruelles de la petite ville qu'elles avaient choisi pour vivre paisiblement, les informations défilèrent sur le poste de télé qu'elle ne pouvait quitter des yeux. Fuir était une option, peut-être la meilleure, peut-être la pire, mais qu'avait elle comme autre choix pour mettre à l'abri la seule personne qui lui restait encore ?

Brooke n'avait que dix huit ans lorsqu'elle fut tuée, jamais cette image ne quitta l'esprit de Camille qui se retrouva seule, errante ça et là, espérant survivre mais à quoi bon ? La vie n'avait plus de saveur, déjà très jeune elle n'en avait eu que très peu sinon l'amertume des coups que lui offrait son père, jusqu'à disparaître du jour au lendemain, tout comme sa mère plus tard, sans que les deux sœurs ne sachent vraiment pourquoi. Ses espoirs réduits à néant dans un monde où ses craintes étaient exacerbées, ce ne fut qu'un soir, alors qu'elle voyait sa triste vie filer dans ses prunelle, au fil des caresses malsaines d'un nomade, que la jeune fille cru enfin à l'existence des bonnes étoiles. La sienne avait de longs cheveux roux, des yeux bruns et n'hésita pas à tuer afin de la préserver... Ce soir là, près d'une enseigne de bar portant le nom d'Arizona, Camille redressa les yeux dans ceux de celle qui lui tendait la main et esquissa un sourire, gardant le nom de cet endroit pour elle, s'en baptisant même afin de commencer une nouvelle vie auprès d'une sœur de cœur malgré la noirceur du monde tel qu'il était devenu.