Autrefois, j'étais une simple assistante, au plein cœur du monde de la mode, à cette époque, je détestais ma patronne, cette directrice artistique avait écopé du doux surnom de Cruella tant elle était infecte avec ses employés, cependant, en y repensant maintenant, je comprends davantage les raisons pour lesquelles elle était si froide, si dure... uniquement car le magazine en question était comme sa vie, d'ailleurs, elle n'avait d'yeux que pour lui et, pour toutes personnes sur cette terre, la vie est précieuse et on ne désire pas la voir se fêler, parfois se briser même, entre des paumes étrangères.

J'ai fait mon petit bonhomme de chemin, j'ai vécu, souffert des brimades de cette chère Dame, pour au final me voir attribuer son poste, contre toute attente et en une immense surprise, lorsqu'elle a du prendre sa retraite. J'ai donc vécu dans ses escarpins, me suis mise à sa place et, en vérité, bien que mariée et pleine de rêve d'avenir, de famille et de plaisirs ordinaires, j'ai rapidement vu l'envers du décor. J'avais mérité mon poste, fallait-il encore le prouver aux autres, et, à la force des choses, j'ai adopté le comportement de mon ancienne patronne, simplement car je trouvais intolérable qu'on ne se donne pas à fond dans sa carrière. Mon mariage en a sans doute pâti, je ne sais pas, pourtant j'ai toujours été attentive à mon époux mais peut-être bien moins qu'au magazine n'étant pourtant miens. Prêts à divorcer d'un commun accord, nous avons du nous raviser quand la première vague d'horreur est survenue. Grâce à son poste, et son aide, je n'ai pas vécu la chose comme bon nombre d'autres gens, j'ai pu conserver un certain patrimoine et ce simplement dans le cas où la vie reprendrait de superbe. Mon instinct fut le bon, cinq ans plus tard, enfin le monde renaissait de ses cendres, du moins New-York, quelques mois plus tard, j'ai enfin laissé Clifford reprendre son envol, nous avons divorcé et ne nous sommes jamais revus puis, j'ai continué ma route pour croiser celle de mon tout premier enfant, mon bébé dont j'ai acquis la majorité des parts pour en faire un empire fastidieux : Vogue magazine.

Je suis restée égale à moi même, dure en affaire et naturelle au privé, me suis entichée d'un type qui n'avait pourtant pas grand chose pour lui, physiquement parlant mais que voulez vous, l'amour est aveugle dit-on... Cependant, il ne l'était pas autant que j'avais pu le croire, Tyrese Warren est du genre fautif, même très fautif, cela fait un an que nous sommes mariés et depuis que je sais, je n'attend qu'une chose, qu'il paye le prix de ses erreurs, bien que je n'ai que peu d'éléments, uniquement car je ne tolère aucunement l'infidélité, la trahison et le mensonge, pour moi, quiconque s'y prend auprès de moi, se doit d'en subir les conséquences. J'ai eu le nom d'un requin du barreau auprès d'un très bon ami, désormais j'ai une partie des cartes en mains et, tout ce que je désire, c'est de reprendre ma liberté mais certainement pas en abandonnant mon bébé aux mains de ce cafard, plutôt en lui enfilant la carotte de sa vie, une carotte dont il se souviendra pour le restant de ses jours.