-J'adore cette bagnole... L'entendre imiter le bruit du moteur la fit rire et rouler des yeux. J'suis très sérieux, c'est une bombe et tu comprendras jamais. Jambes croisés, bottines sur le tableau de bord, Jude émit un rictus.

-Pourquoi tu la démarre pas ? A l'instant où elle prononça ces mots, le moteur vrombit sous un sourire éloquent, et terriblement poussé, du grand brun près d'elle. Ça n'a rien d'orgasmique, c'est juste de la taule sur des pneus... si je vais plus loin je dirai même que ça pollue, tu achèves la planète Gabriel ! Leurs rires résonnèrent sur le parking vide, ils ne craignaient rien grâce à elle, sans qu'elle n'ait les tenants et aboutissants de sa différence mais, qu'importait, ce don ci, Jude n'en avait pas peur, il ne faisait que la préserver. J'suis persuadée qu'elle fera pas deux mois avant que tu t'en lasse, moins si on trouve pas d'essence, encore moins si on trouve pas de pièces pour la retaper.

-T'es qu'une rabat-joie, pour une fois que je m'intéresse à autre chose que... enfin, extasie toi ô joyeuse briseuse de bijoux de famille, car cette petite merveille va nous servir, tu connais New-York ? Jude secoua la tête, elle venait de Chicago, là où elle l'avait connu deux ans plus tôt, pas de cette ville qui, comme toute les autres, devait avoir viré de bord pour l'enfer. J'adore vraiment cette bagnole !

New-York, ça n'a pas le même impact sans toi, je pensais qu'on en foulerait le seuil ensemble, que tu te défilerais pour une colocation pour les jupons de bien des filles, je t'en aurai remercié sans doute, oui car parfois tu t'avère terriblement chiant (lol). Je suis là depuis peu, j'ai trouvé de quoi me refaire, en six mois c'est pas ce qui a de plus simple mais j'ai toujours été une battante et, tu n'en reviendrais pas de ce que je tiens entre les mains... rien d'autre que le cuir du volant de ta voiture, je dois avouer qu'elle est chouette, moui je l'aime bien. Voilà Damon, je suis dans la grosse pomme, c'est un peu étrange à dire mais j'ai l'impression d'être comme un vers dans ce fameux fruit, je m'apprête à le croquer et y grouiller avec délice, surtout en voyant la boutique de ma grand mère, celle dont elle me parlait souvent, j'ai tout fait pour en obtenir les clefs, j'ai tout fait pour pouvoir en faire la mienne, il reste du boulot mais, désormais, je suis en sécurité. Je vais vivre, j'espère que tu vas bien, je m'en veux encore et tu le sais, où que tu sois, ou, si tu es là où je pense, tu n'y prête plus aucune attention, bref allons croquer la pomme et voir le goût qu'elle a !