Le fournisseur, une excuse bidon mais qui, d'après moi et, connaissant parfaitement mon frère, fonctionnerait à merveille. Oui, mentir et dissimuler n'est pas ce qu'on m'a inculqué gamine mais, je me voyais très mal annoncer à Taylor ce qui va suivre. Joe est près de moi, j'ai froid, en vérité je me caille complètement les fesses sur cette chaise, je ne sais pas ce qui me prend mais, depuis maintenant un mois, je sais que c'est le moment, que je suis prête et que, bien que célibataire, rien ne pourrait me faire reculer. Mains jointes sur les genoux, mes yeux se posent sur l'un d'eux qui bat le rythme et je me demande si je n'aurais pas du avoir la main si légère avec la cire... Roh puis zut, après tout on va m'appeler, me faire allonger, et réaliser un de mes rêves, une envie qui m'habite depuis longtemps mais qui n'a jamais pu voir le jour de manière naturelle, simplement car cet abruti d'Alex n'a su voir en moi son avenir, à défaut de cette niaise à la paire de jambes aussi longue que ses pieds dépassaient du lit. Un soupir file mes lèvres et j'y porte mon ongle jusqu'à sentir le coude de Joe me secouer puis, enfin, mes yeux se redressent sur l'homme en blouse blanche dont le sourire ne me rassure pas le moins du monde.

Une fois sur la table, les pieds dans les étriers, je déglutis en le voyant approcher cette seringue, mille questions s'imposent à moi et, pourtant, une seule d'elles trouve véritable réponse : Je veux être mère, je saurai l'être et je n'aurai nullement besoin d'un homme pour ce faire, après tout ma propre mère l'a fait, et deux fois, et n'a jamais émis le souhait qu'il en soit autrement. Je ferme les yeux, la mains de Joe serre la mienne, et moi plus fort encore, puis on m'annonce que c'est terminé, que désormais il faut attendre, un bon mois... Un sourire fend mes lèvres et une larme coule le long de ma joue alors que je ris aux éclats en compagnie d'une des amis de notre famille, elle ne dira rien je le sais, et même si je suis persuadée être enceinte, là, à l'instant même, j'attendrai la vérité sortie des lèvres de ce docteur dans trente et un petits jours...

Rassurée, mon rêve à porté de doigt, je quitte enfin la clinique en un sourire radieux. La vie n'est plus celle s'étant déroulée durant cinq ans, d'une dureté sans pareil, ni même celle que j'ai pu suivre aveuglément à en épouser un homme qui ne méritait rien de moi, je suis libre désormais, je suis ambitieuse et pleine de ressources et j'ai un merveilleux frère sur qui compter qui, si je ne me trompe pas, fera un merveilleux oncle pour la petite graine qui, malgré la présence récente au creux de mon ventre, sera surement la plus belle chose qui me soit arriver dans la vie. A tout malheur chose est bonne, oui, après avoir subi l'apocalypse, puis regagné la surface grâce à Taylor, je sais que je suis prête, prête à devenir mère.