Vous avez déjà eu cette impression de planer à vingt lieu au dessus du ciel, de vous sentir libre, de déployer des ailes imaginaires, que plus rien n'existait, hormis cette adrénaline qui coulait dans vos veines, logeait un sourire sur vos lèvres, et invitait votre coeur à détonner d'ivresse dans sa loge ? C'est ce que je ressentais à chaque sauts en parachute, lorsque ma silhouette fine se jetait de l'avion, qu'elle fendait l'air, jusqu'à presser le bouton, remonter et me laisser planer en observant le paysage, le coucher et le levé du soleil comme personne ne peut le voir. C'était mon grand kiff, celui pour lequel je respirais, et bouffait la vie d'une traite, juste ces quelques minutes intenses là dans les airs où plus rien n'a d'importance, complétement libre.

Ma vie a toujours été géniale, même dans les pires moments, car j'avais une soeur extra, un père génial, des amis formidables et son regard qui se posait sur moi. Y'avait un truc, ce petit quelque chose qui vous loge un sourire et vous intime de fuir ses iris, avec l'envie irrépressible d'y revenir. Et à chaque fois que je grimpais dans l'avion, que je le croisais, je me disais, dès que tu redescends sur terre Victoire, va le voir... mais bien que courageuse sur bien des points, j'ai jamais eu le cran... et il y a eu le saut de trop...

Mon corps pourfendait les cieux, je riais, suivait mes collègues, et au moment où je l'ai pressé, il s'est rien passé, le stresse ne s'est pas invité, j'ai déclenché le parachute de secours, j'ai sentit cette remontée, puis tout est allé si vite. Il avait été mal refermé, les cordes étaient entremêlés, et le voilage laissait place à l'air, les arbres ont freiné ma chute, puis le platane m'a réceptionné.

J'me suis réveillée près d'eux dans un lit d’hôpital, et le verdict est tombé... handicap moteur, peu de chance de recouvrir la mobilité de mes jambes mais j'étais encore vivante, avec la niak au ventre et une tonne de connerie à faire, à voir, à vivre. Mais quand j'ai enfin refoulé la base, collée dans un bureau à fabriquer des avions en papier pour emmerder quelques gradés, j'avais plus ses regards, j'avais plus ses sourires, j'avais plus ces amis, j'avais plus que ma famille, et quelques soldats qui compatissaient... C'était rien en faite, c'était pas de l'amour, c'était pas un petit coup de foudre, ni même un petit flirt, car il a suffit d'un ombrage, pour le voir s'éloigner et courtiser...

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