Deux ans avant l'incident à échelle mondiale, deux ans avant que toute cette horreur n'ait touché nos villes, notre continent puis les autres terres de la planète, j'étais une jeune fille ordinaire, en fin d'adolescence, prête à devenir une femme et marcher sur le sentier d'une vie active que j'espérai palpitante et capable de m'exalter. J'ai toujours été fascinée par les lois, le droit, les divers papiers officiels datant de bon nombre d'années, signés des mains de plusieurs grands hommes ayant forgé notre Amérique à la sueur de leur front. Ça ne m'a jamais quitté jusqu'à me pousser à tenter de réaliser mes rêves et fouler les sols de marbres des plus prestigieux cabinets d'avocats, simplement pour devenir une des leurs et lutter activement pour les droits de centaines de personnes. Pour ce faire, et à mon dix huitième anniversaires, mes parents m'ont inscrite à la faculté de New-York spécialisée dans ce domaine, bien entendu, j'étais consciente tout comme eux, qu'il faudrait m'éloigner du foyer familial afin de réussir, mais je n'avais pas peur, uniquement car j'avais leur soutient. Ce fut donc une fin de semaine où, conduite par mon père sur ce campus gigantesque, j'ai pu déposer mes premiers bagages et cartons dans une chambre d'étudiante pour y faire la rencontre de Bonnie. Je me suis de suite entendue avec elle, nous avions pas mal de centres d’intérêts en commun et, tout comme moi, elle avait des rêves et ambitions l'ayant poussé à s'éloigner des siens. Je venais de Chicago et elle de Boston et même si moins de kilomètres la séparaient de sa famille, contrairement à moi, qu'elle aurait pu plusieurs fois les rejoindre et me laisser seule un week-end sur deux lorsque je ne pouvais rentrer, Bonnie restait parfois pour me tenir compagnie... jusqu'à cette Saint Valentin étrange où nous avions décidé de ne pas rejoindre les notre pour simplement profiter d'une fête organisée sur le campus.

Du sang à profusion, des corps déchiquetés, des gens se jetant toutes dents dehors sur les carotides de jeunes gens que nous connaissions, l'horreur en masse et à perte de vue nous a poussé à fuir rapidement, en emportant le strict minimum, et alors que nous rejoignons les avenues, dans le but de regagner au plus vite un endroit que nous espérions sûr, la vérité nous a éclaté au visage. La faculté n'était pas la seule touchée, ni l'unique victime de la ville, c'était bien la citée entière qui croulait sous l'assaut de monstres jamais rencontrés que dans nos pires cauchemars. Durant cinq ans, Bonnie et moi ne nous sommes jamais éloignées, nous évitions les groupes de personnes étranges, préférions nous débrouiller seules et à hauteur du peu de moyens à disposition. Nous parlions très peu de notre famille au passé, pour nous ils survivaient quelque part, tout comme nous le faisions, l'espoir au cœur que tout ce massacre cesse enfin et q'un jour, peut-être, nous puissions tous les retrouver.

La fin 2017 a sonné et nous avions appris la chute d'une société visiblement à l'origine de ce cauchemar, après un message radio des Dream-Catcher, nous assurant que bientôt tout rentrerait dans l'ordre et qu'il ne s'agissait plus que d'une question de temps puis d'aide, Bonnie et moi sommes retournées en ville, nous avons aidé à hauteur de nos faibles ressources, liant nos mains à beaucoup d'autres survivants pour redresser New-York du tas de cendres sanglantes qu'elle était devenue jusqu'à obtenir les prémices d'un rêve dont l'espoir nous avait nourri durant de nombreuses années : vivre nos vies. Nous sommes retournées en fac, avons obtenu nos diplômes et aujourd'hui encore nous nous serrons les coudes, premièrement pour tenir ce petit appartement, dans l'une des avenues agréables de la ville, décoré par nos soins, secundo pour le domaine professionnel dans lequel nous sommes ancrées toutes deux. Même logement, même cabinet, je ne la décevrai pour rien au monde, nous sommes désormais bien plus que des amies car, comme le dit un dicton bien connu, c'est lorsque tu es dans le besoin que tu reconnais tes vrais amis, et Bonnie n'est jamais partie...

(navrée, plus de trente lignes je crois, mais j'évite les pavés, après tout c'est le rp qui compte lol)